On a regardé « La Laine sur le dos » de Lotfi Achour

On a regardé « La Laine sur le dos » de Lotfi Achour

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C’est en arrivant au bureau ce matin qu’on a découvert que le court-métrage de Lotfi Achour est accessible en ligne sur Vimeo, sélectionné dans la compétition officielle à Cannes section courts-métrages et pré-sélectionné aux Césars 2018. Il était donc évident qu'on devait le regarder.

La Laine sur le dos est un court-métrage de quinze minutes, avec 4 personnages et des moutons dans un paysage désertique. Dit comme ça, ça ne donne pas envie.

Voici donc le synopsis : « Le long d’une route du désert tunisien, un vieil homme et son petit-fils, à bord d’un vétuste camion transportant des moutons, se font immobiliser par deux gendarmes. Pour qu’ils puissent repartir, la situation débouche sur la proposition d’un curieux marché… »

Le court-métrage de Achour est très habile puisqu’avec peu il arrive à dire beaucoup. Il pointe ainsi le problème de la corruption sans pathos, il montre à travers le duo de gendarmes un système qui a ses propres codes et son propre lexique, et surtout l’art d’extorquer le citoyen sans violence ni menace directe. À la première apparition du premier et puis du deuxième policier, nous savons déjà qu’ils seront les déclencheurs de l’histoire qui va se dérouler.

 

Le protagoniste, un vieil homme et ce qui semble être son petit-fils viennent de loin, puisque nous les suivons sur la route de nuit au générique et puis à quelques kilomètres de leur objectif (le souk), ils sont arrêtés par ce barrage de flics. Le petit garçon est l’innocence qui voit se dérouler sous ses yeux l’injustice, la mesquinerie et la corruption, le grand-père est l’homme d’expérience qui ne se défendra pas. La rébellion n’est pas invitée dans le film de Achour, la résistance est dans le regard, mais jamais dans la bouche des personnages. 

« La Laine sur le dos » n’est pas un court-métrage exceptionnel, mais il est ce qu’on attend de lui : il est une idée qui percute et la vitrine d’un savoir-faire au niveau de la réalisation et de l’écriture. Il est évident que Lotfi Achour n’a jamais déçu avec ses films courts, n’empêche que maintenant on attend de voir encore plus dans un long métrage.